Le 15 avril, l’assemblée générale des IWW (les Travailleurs Invisibles du Monde), mouvement transnational des travailleurs migrants et précaires, a pris la décision d’organiser, le 4 juin à Ljubljana, une manifestation pour les droits des travailleurs migrants.
La décision de manifester a été provoquée par le refus systématique du gouvernement slovène de prendre la resposabilité de la condition catastrophique des ouvriers migrants. Par le passé et surtout après l’éclatement de la crise financière et économique, les IWW rappelaient aux autorités slovènes la situation extrêmement difficile des ouvriers migrants, les violations et le déni de leurs droits civiques et sociaux. Ils avertissaient continuellement de la responsabilité fondamentale de l’État entretenant un régime de migratrion qui ne ferait pas honte aux rasistes acharnés ni aux zélateurs de l’apartheid, tout en soulignant sans arrêt la nécéssité d’un changement de législation qui abolirait la dépendance des travailleurs par rapport aux patrons et les intégrait dans l’État social.
L’unique réponse du gouvernement slovène aux appels, actions et mobilisations a consisté en changements cosmétiques de la législation migratoire existante, ce qui n’entamera pas le système de la dépendance et n’abolira pas la discrimination institutionnelle des ouvriers migrants. Le réglement du février n’a permis au gouvernement de respecter qu’une part minime des droits sociaux systématiquement violés, et ceci sous forme de l’aide humanitaire, humiliante pour beaucoup d’ouvriers. Le ministère du Travail, de la Famille et des Affaires sociales n’a pas répondu aux revendications légitimes des ouvriers expulsés de Slovénie ; l’État et les patrons leur restent redevables au titre des droits relatifs au travail. Le dernière invitation au gouvernement de réagir au delà d’une compassion purement déclarative a été faite lors de la manifestation des ouvriers trompés, puis expulsés qui s’est tenue au mois de mars à Banja Luka, en Bosnie. La proposition des ouvriers lésés, organisés dans le cadre du réseau des IWW, de participer au reglèment concernant les ouvriers migrants n’a abouti a aucune réponse. Personne au gouvernement ou dans ses institutions ne s’intéresse non plus au sort des ouvriers en grève dans l’ancien centre d’hébérgement de Vegrad, entreprise en bâtiment qui a fait faillite, dans Gratima à Sežana ou dans SCT à Ljubljana. Ils s’attendent à ce qu’ils soient balayés par les menaces, l’incertitude, la marginalisation et le pauvreté. Il est donc évident pour quelle raison les ouvriers migrants doivent manifester. Seule une grande manifestation peut s’opposer à l’oubli, à la defaite, à la privation de l’espoir et à la généralisation des moyens d’exploitation sans scrupules. Il est également évident pourquoi tous les autres doivent manifester avec eux. Il n’y a que les barons du bâtiment et d’autres secteurs, leurs cercles politiques et les institutions du capitalisme financier qui tirent profit du pillage des ouvriers. De plus, lorsque la richesse commune part dans les poches de quelques uns et que nos moyens de production se trouvent bloqués, au sommet de la crise, il est absolument clair que le corollaire principal de cette corruption est le déni des droits des travailleurs , leur dépendance et l’absence de toute garantie sociale, celle-ci étant la condition sine qua non du travail de tous les travailleurs, et pas seulement des ouvriers migrants.
Pour cela nous appelons à une mobilisation générale dans les rues de Ljubljana le 4 juin : réunissons-nous pour assurer la garantie de nos droits et la fin de la corruption qui nous prive de l’avenir ! Une génération entière y a été condamné : les migrants se voient enlever leur droit au choix, à la mobilité, les droits sociaux et civiques ; les étudiants sont victimes de la précarité imposée ; on fait de l’université un vecteur de stratification sociale des jeunes à l’extrême ; on refuse les droits aux ouvriers précaires et on les plonge dans la pauvreté. Rares sont ceux qui possèdent encore des droits – le respect de ces derniers se fait au prix de la soumission. À moins qu’on ne se réunisse... Sans défendre quoi que ce soit, mais pour définir et faire valoir les droits, constituer une force et changer le monde.
En Europe, sur les deux rives de la Méditerrannée, dans les métropoles européennes s’insurgeant contre les demandes de serrer la ceinture et contre la violence du capitalisme financier, en provinces européennes où les jeunes se soulèvent contre la subordination, les hiérarchies, la situation sans issue et les dictatures locales, dans un mouvement transnational des migrants qui traverse les frontières et renverse le régime de l’apartheid européen, il naît une nouvelle génération. Nous allons la faire visible le 4 juin à Ljubljana où elle manifestera sa force et sa détermination. On y revendiquera les droits des travailleurs migrants, bafoués dans l’apartheid européen. On y créera une nouvelle solidarité, une nouvelle force et on fera corps commun pour changer le monde.
IWW (Travailleurs Invisibles du Monde)
Centre social Rog
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